• L'Ecrin Doré des Songes - La Légende de Xaheya : Justice

    Premier tome de la première trilogie de la saga L'Ecrin des Songes de Virginie Zurbuchen, de genres Space Opera et M/M réédité en autopublication le 19 Avril 2016.

    Née en 1987 en Suisse, Virginie Zurbuchen invente et illustre ses propres récits dès l'âge de trois ans. En 2006, elle se prend de passion pour la culture nippone à l'occasion de la sortie en DVD du long-métrage d'animation Final Fantasy VII Advent Children et découvre sur le Net les fanfictions de genre Boy's Love, phénomène précurseur de la communauté comme de la littérature M/M actuelle. Partant en voyage au Japon l'année suivante, plongée dans la lecture de la série graphique Crimson Spell d'Ayano Yamane, elle retrouve l'inspiration et l'ambition pour l'écriture d'intrigues originales. Les malaises de son enfance et ses ressentiments d'adulte, ses séjours réguliers en Asie, son intérêt pour l'Histoire et la Géographie rendent son style sombre, sensible et éclairé, réhaussant ses nombreux personnages de charisme et de tourments, ses décors des ombres glauques de civilisations perdues, les objets de nuances colorées ou de reflets élégants, les scènes à rebondissement de désillusion ou d'humour. L'univers de L'Ecrin des Songes prend forme sous le crayon de l'auteure, sur le carnet de notes qu'elle garde toujours à portée de main, en 2010.

    La catégorie littéraire Space Opera développe des intrigues dramatiques ou aventureuses dans un cadre spatial ou interplanétaire, scientifiquement connu ou totalement fictif, afin de pousser la réflexion sur les sujets technologiques, environnementaux et sociaux abordés de manière récurrente dans le genre Science-Fiction au-delà des seuls enjeux de l'Homme, de son mode de vie égocentrique et de ses tendances conformistes. Reconnue pour être méprisée durant la Seconde Guerre Mondiale, elle a gagné en popularité dans les années 60 grâce au roman Dune de Franck Herbert et à la diffusion des premiers épisodes de la série télévisée Doctor Who ; l'ambition et la rigueur dont bon nombre d'écrivains - tels Dan Simmons, Pierre Bordage, Jack Vance et Scott Westerfeld - ont amplifié depuis lors la portée de leurs thèmes et la complexité de leurs personnages, ont largement contribué à ce qu'elle soit aujourd'hui représentée et exploitée dans la plupart des domaines artistiques ; de la littérature avec notamment, la trilogie Les Guerriers du Silence, au petit écran avec les séries Cowboy Bebop et Stargate SG-1, dans les salles obscures avec Le Cinquième Elément et la tétralogie Alien, en passant par la bande dessinée Sillage et les jeux vidéo Mass Effect.

    Le système d'Exode compte ainsi dix-sept planètes et deux soleils, l'un étant en fin de vie. L'arrivée de la race insectoïde des Exodiens permet aux quatre espèces déjà présentes d'accéder à une technologie supérieure, capable de rendre viables et exploitables la plupart des planètes alors inhabitables ; celle de la race reptilienne des Kaekas suscite au contraire de vives protestations à propos du statut d'esclave de leurs compagnons de voyage, les Papillons. Tandis que des villes se construisent et que des gouvernements se légitiment d'astre en astre, les Esclavagistes et les Combattants de la Liberté se regroupent, rassemblent leurs moyens et s'affrontent de façon anecdotique lorsqu'ils se croisent avec leurs flottes de vaisseaux spatiaux... jusqu'à ce que l'émergence de l'Ecrin des Songes, prototype scientifique annihilant la volonté de l'individu connecté afin de lui imposer celle de son manipulateur, commence à inspirer une vive inquiétude d'un bout à l'autre d'Exode et rende ce conflit ambigu bien plus sérieux au regard des instances diplomatiques.

    Ce premier volume figurant à peine les prémices de l'intrigue et portant le nom même de son objet emblématique donne le ton dramatique, cynique et désabusé de la saga. Les alliances tournent rapidement aux manigances, la vengeance à l'obsession, la survie d'un jeune malade à un projet d'éternité horrifique ; les causes et les valeurs deviennent absurdes ou futiles, les attachements et les désirs perdent leurs sens face à la gravité des évènements et à l'opiniâtreté de leurs acteurs... Seuls la prophétie étrange du Sentier des Etoiles qui promet le salut imminent à un peuple persécuté et le Papillon Xaheya au caractère trop bien trempé pour un esclave, esquissent une infime lueur d'espoir au coeur de la détresse et de la violence, aussi sombres et profondes que l'univers infini. 

    Harem, de Charlie Audern et Kaelig Lan Plus personnellement, j'ai découvert cette série dans son ancienne édition, peu avant la publication en Août 2013 de son ultime tome Rédemption. J'ai aussitôt été captivée par son univers complexe, travaillé au niveau des psychologies des protagonistes et des rebondissements géopolitiques de l'intrigue, comme par le style d'écriture de l'auteure, aussi précis dans ses descriptions techniques et sensorielles, que pragmatique quant aux comportements et réactions des personnages. Ainsi stimulée, l'imagination du lecteur lui représente de manière finement détaillée les décors des scènes, leurs textures et leurs milieux, puis lui fait mesurer toute l'intensité et la contradiction des émotions entières, soupçonnées ou cachées ; pour parvenir à une immersion parfaite, digne d'un grand classique du genre.

    L'Ecrin des Songes - La Légende de Xaheya : Orgueil >>

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  • Beautiful, de Christelle Verhoest

    Romance contemporaine de genre M/M, autoéditée et publiée le 26 Février 2015.

    Qu'ils se déroulent au coeur de nos sociétés occidentales modernes, de périodes historiques précises ou même, de cadres imaginaires fantastiques, Christelle Verhoest évoque à travers ses multiples récits bien davantage que le thème récurrent dans sa bibliographie de l'homosexualité. L'art cinématographique, les intrigues de pouvoir à la cour du Roi Soleil, le quotidien nomade des saltimbanques, le fil des enquêtes policières, le parcours initiatique d'un bout à l'autre des Etats-Unis... sont autant de sujets variés, spécifiques, voire sensibles que son inspiration en continuelle effervescence lui suggère d'aborder et dont sa passion littéraire, associée à sa maturité et à sa méticulosité en écriture, relève les singularités profondes et les portées intimes comme autant de défis exaltants. Pour ce roman contemporain, l'auteure s'est ainsi appliquée à rendre un homme solitaire, froid et sans visage, émouvant et attachant aux yeux de ses lecteurs.

    Loris Kerguerez, âgé de vingt-six ans, hérite de la maison de sa grand-mère décédée, située dans une modeste commune bretonne et décide de la rénover pour s'y installer, saisissant l'occasion de laisser derrière lui la superficialité parisienne qu'il ne supporte plus. Un matin, il croise un inconnu à la tête encapuchonnée, aux traits dissimulés par un foulard et surtout, aux yeux de couleur turquoise pour lesquels il a un véritable coup de foudre. Il tente de faire davantage connaissance ; mais le visage lacéré douze ans auparavant par des camarades de collège jaloux, Valentin le Croezou s'est depuis lors renfermé, isolé sur lui-même et évite absolument tout contact avec autrui, allant jusqu'à repousser avec agressivité la moindre amorce sociable. Froidement rabroué, Loris n'en reste pas moins déterminé et réussit peu à peu à se rapprocher de Valentin... Cependant, leur relation a moins besoin de temps et de courage pour se confirmer et s'affirmer, que le jeune homme blessé pour faire face à ses angoisses et se reconstruire.

    Un attachement fidèle et prévenant peut rassurer, mais ne suffit pas seul à détacher une personne des conséquences et des circonstances d'un drame ayant irrévocablement marqué sa propre existence. L'entendement sagace de ses troubles est trompeur pour un point de vue subjectif, même animé par une réelle philanthropie, qui ne peut qu'en mésestimer l'influence pathologique à défaut d'avoir vécu les mêmes épreuves, mais aussi d'éprouver et d'exprimer pareillement ses émotions. De la même manière, le déclin de l'influence des traumas ne peut s'amorcer significativement qu'en la conscience de l'individu affecté ; un environnement serein, un entourage attentif associés à des interventions psychothérapeutiques n'engageant pas l'évidence de cette amélioration, ni son efficacité à long terme. Le personnage de Valentin le Croezou est ainsi d'autant plus délicat à aborder qu'il s'est obstinément introverti jusqu'à sombrer dans le mutisme, et a repoussé tant le débriefing préliminaire du psychologue au centre hospitalier que le soutien de sa propre mère au quotidien, laissant son traumatisme instiller au fil des années l'angoisse et l'amertume dans ses gestes, la culpabilité et la terreur dans ses rêves, puis le désespoir et la résignation dans son esprit, plus profondément encore que les pointes des ciseaux de ses agresseurs dans sa chair.

    A l'image de leur toute première rencontre, les débuts de la relation entre Loris et Valentin sont de véritables chocs émotionnels pour les deux hommes, l'audace enthousiaste du premier s'opposant violemment à la méfiance craintive du second. Poussé à y réagir, le jeune blessé discute simplement, confie son dégoût de lui-même, accepte un enlacement spontané, se sentant finalement apaisé auprès de son soupirant, avant de reconnaître l'honnêteté candide et l'attention amoureuse, la souffrance sincère de ce dernier à la perte du chat Salopette, qui le rappelent alors à la considération de la sensibilité des autres. Le mépris manifeste d'anciens amis d'adolescence malmène dangereusement cette évolution favorable de Valentin et l'optimisme naïf de Loris, ainsi que leur rapport de confiance et leur situation de couple... Toute la persévérance audacieuse de l'un, désormais choqué par la violence de son conjoint et l'espérance réveillée, bien qu'inquiète, de l'autre ne seront pas de trop pour se remettre de cette douloureuse épreuve et en tirer une force certaine, un équilibre durable afin de vivre à deux, ensemble, et heureux.

    Harem, de Charlie Audern et Kaelig Lan Plus personnellement, j'ai lu cette romance naissante aux circonstances difficiles d'une seule traite. Comptant tout juste 135 pages, elle est l'exemple parfait de l'usage avisé et pragmatique des mots, réduit strictement à l'essentiel pour exprimer l'émotion et la tension entre les protagonistes, comparables à un lien rapprochant assurément ceux-ci dans l'intimité sereine, mais s'étirant douloureusement lorsque les troubles les éloignent l'un de l'autre. La narration du point de vue de Loris Kerguerez, concentrée sur la petite commune et les instants privés, exempte de tergiversations sentimentales comme d'exposés psychanalytiques, nous rend le personnage de Valentin le Croezou humble et proche, au point que nous pouvons imaginer le croiser au détour d'une rue... ainsi que cette bête violence qui a marqué son existence à jamais.

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